La télé-réalité drogue du peuple

Cet article est une réaction au billet « La télé-réalité pour les nuls (lien externe) » de Jérémie Conde (lien externe).
J’ai découvert son blog suite à l’article fleuve « Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier (lien externe) » de Mar_Lard que vous avez difficilement pu louper. En réaction à cet article, Jérémie exposait sa vision du concept de communauté geek sur lequel s’appuie Mar_Lard et dont je partage la vision.
Suite à cette première lecture, me voilà en train de parcourir ces précédents articles, et de tomber sur ce questionnement à propos de la télé-réalité (lien externe).

La télé-réalité est un grand sujet de questionnement pour moi aussi. Pourquoi les gens regardent-ils donc d’autres gens enfermés dans une boîte ?
J’ai développé une hypothèse qui me paraît plausible et complète le propos de Jérémie : c’est triste à dire mais je pense que les personnes qui regardent ce genre d’émission cherchent dans un certain sens à se sentir mieux. Dans leur peau, dans leur tête.

Dans mon précédent poste, j’avais pas mal de collègues qui regardaient ces émissions, les commentaient en live sur Facebook, et les re-commentaient durant la pause café le lendemain. Je pense même qu’ils pourraient tenir sur ce seul sujet pendant toutes les pauses de la journées. Ma femme aussi, quand elle zappe, a la mauvaise habitude de rester sur une émission de télé-réalité, ce qui a le don de m’exaspérer (si elle tient à la regarder, je quitte direct la pièce).

Comme je ne regarde pas ces émissions, je ne pouvais qu’observer les débriefs de mes collègues en tant que simple spectateur. En général, les candidats de l’émission (quelle qu’elle soit) en prenaient pour leur grade et mes collègues ne manquaient pas une occasion de bien en rigoler.
À force de suivre ces discussions, j’ai eu le sentiment que regarder et commenter ces émissions de télé-réalité était une sorte d’exutoire.

Le fait de regarder des spécimens qu’on pourrait aisément situer au plus bas de l’échelle de l’humanité (d’apparence en tout cas, car le montage télévisuel peut faire des merveilles et j’espère qu’ils ne sont pas forcément comme ça au quotidien) permet aux gens par la dévalorisation des candidats, de se valoriser eux-mêmes inconsciemment.
Car soyons honnêtes, en tant que spectateur on est en position de force pour juger en toute impunité. Et s’il y a un trait de caractère – parmi d’autres – propre à l’Homme en général, c’est la capacité à juger les défauts de l’autre en faisant fi de ses propres défauts.

C’est une caractéristique que j’ai personnellement en horreur. À titre personnel, je me passe de juger les défauts des autres dès lors que je sais avoir ce même défaut. J’essaie d’ailleurs d’éviter de juger les autres en toute circonstance, mais là n’est pas le sujet.

Selon moi, la télé-réalité apporte sur un plateau des individus suffisamment stupides pour que la moyenne se sente au dessus d’eux. Un spectateur de ces émissions observe donc des hommes et des femmes qu’il considère sans problème comme moins biens que lui. Moins intelligent, moins beau, moins sportif, moins coincé, moins tout-ce-que-vous-voulez…
L’effet pervers de cette situation est que le spectateur se sent, inconsciemment, valorisé. En effet, comment ne pas se sentir un meilleur homme ou une meilleure femme quand on assiste aux tribulations de profonds – apparents – débiles ?

Au final et à mon sens, la télé-réalité tire globalement le niveau général par le bas. Quand les références télévisuelles du peuple sont représentées par ce qu’il y a de moins valorisant pour l’humanité, ça ne donne pas vraiment envie au peuple de devenir meilleur. Car il se sent déjà meilleur que ce qu’il voit à la télé. Et ce simple état de fait emmène les gens à être satisfaits de ce qu’ils sont. Peu importe qu’ils aient des défauts de la taille d’une montagne, puisqu’ils sont meilleurs que Kévin de Loft Story, ils sont déjà meilleurs !