Paris Web 2014 : vue de l’orateur

Cette année avait lieu la neuvième édition de Paris Web. Les deux journées de conférences ont eu lieu les 16 et 17 octobre au Beffroi de Montrouge (lien externe) et la journée d’atelier s’est tenue le 18 octobre à l’école EfreiTech (lien externe) à Villejuif.

Personnellement, c’était ma quatrième édition et j’ai passé un nouveau stade cette année puisque j’ai été orateur (lien externe) pour la première fois !

Comme c’est une expérience nouvelle et riche en émotion, j’aimerais revenir particulièrement sur ma conférence. (Mais j’écrirai un second billet pour parler des autres conférences que j’ai pu suivre, ne vous en faites pas.)

J’ai donc eu l’honneur de faire partie des orateurs pour parler de l’impact écologique d’Internet et des TIC (lien externe). Je ne suis pas du tout un expert Green IT et proposer ce sujet a représenté un vrai défi pour moi. Mais d’où m’est venue cette idée folle ?

Le choix du sujet

Et bien depuis fin 2013, j’ai commencé à travailler sur un projet ambitieux de voyage à vélo jusqu’au Cap Nord (lien externe) avec un ami. C’est un projet qu’on avait commencé à réfléchir il y a plusieurs années, en sortant de l’école. La vie professionnelle a fait qu’on a assez vite laissé tomber l’idée. Sans emploi suite à mon arrivée en Suisse, n’ayant pas d’enfant (ni l’un ni l’autre) on a décidé de profiter de cette opportunité pour relancer ce projet.

Avec ce voyage, nous souhaitions travailler deux grands axes.
Le premier était plastique, appuyé sur une démarche photographique (je n’en parlerai pas plus ici parce que ce n’est pas le sujet mais si ça vous intéresse, il y a pas mal d’informations sur le blog (lien externe) du projet).
Le second, qui nourrissait le premier, était éthique : on voulait que notre projet soit le plus respectueux possible de l’environnement. Pour ce faire, on a passé énormément de temps à faire des recherches. Pour savoir quels équipements et matériaux étaient à privilégier, mais aussi pour trouver des artisans et partenaires locaux. Nous avons par exemple trouvé une petite entreprise française fabriquant des vélos de voyage (lien externe) sur mesure ou encore l’unique revendeur français de tentes techniques (lien externe) totalement fabriquées en Europe (Suède et Estonie plus exactement).

Au delà du matériel, j’ai voulu pousser la réflexion au niveau du site web du projet et c’est comme ça que j’ai commencé à rentrer en profondeur dans ce sujet brûlant.
Quand je me suis rendu compte de la quantité effroyable d’informations sur le sujet, je me suis dit qu’il y avait de quoi tenir 45 minutes à Paris Web. Et c’est comme ça que je me suis retrouvé là !

L’oral

J’ai déjà eu l’occasion de faire des présentations plus ou moins longues devant un public, mais jamais dans une salle avec un potentiel de 200 personnes. (Cela dit, je suis incapable de dire à quelle point la salle était remplie tellement j’étais dans mon sujet.)

L’exercice de la présentation orale n’était donc pas nouveau pour moi mais je dois avouer que je ne suis pas un orateur né. Je sais que j’ai une marge de progression non négligeable à ce niveau là (et croyez-moi, je reviens déjà de loin !) et si vous étiez dans la salle, je pense que vous aurez forcément des conseils sur des points à améliorer.

Mais bon, même si l’oral ne m’inquiète pas, je n’échappe quand même pas à la pression qui monte jusqu’aux dernières secondes avant de commencer. Par contre, ce n’est pas la partie la plus compliquée à gérer en ce qui me concerne.

Les préparatifs

La partie la plus compliquée, c’est la préparation. Surtout dans les cas comme celui là, où on ne maîtrise pas du tout le sujet à la base.

Avant de commencer, j’avais bien quelques idées comme celles concernant la consommation électrique (dont Christophe Clouzeau avait parlé en 2011 (lien externe)). Mais j’ai dû nager dans une quantité d’information incroyable.
Je n’ai pas fait le décompte mais je peux vous dire que j’ai passé plusieurs dizaines d’heures à récolter, traiter, trier… les informations pour essayer d’en condenser l’essentiel en 45 minutes de présentation.

Je pense avoir assez bien réussi à retirer l’essentiel mais je suis quand même frustré de ne pas avoir exposé quelques idées en plus. J’aurais voulu par exemple donner plusieurs exemples de data centers dits « verts » mais je n’avais pas l’espace-temps suffisant pour le faire… (j’y reviendrai un peu plus bas).

La formalisation

À partir du moment où je présente quelque chose à quelqu’un, il me tient particulièrement à cœur de transmettre des idées qui soient à la fois complètes et compréhensibles par le public. Je passe beaucoup de temps à travailler mes idées dans tous les sens pour leur donner la forme la plus accessible à tous.

Pour les rendre plus accessibles, avant leur présentation en elle-même, j’essaie d’agencer mes différentes idées de manière à passer de l’une à l’autre de manière logique.
En fait, j’essaie en quelque sorte de raconter une histoire.
Non seulement cet effort pour ordonner mes idées permet au public de mieux rentrer dedans, mais ça me permet aussi, en tant qu’orateur, de mémoriser le fil de ma présentation. Plus l’ordre des idées est logique, plus il est simple de s’en souvenir.

Ensuite je passe à la formalisation de la présentation en elle-même.
Je viens de la communication visuelle donc l’image est primordiale pour moi. Et j’ai essayé de limiter le texte au maximum. Cependant, quand il s’agit d’une présentation clairement à but informatif comme celle que j’ai faite, je prends soin de mettre aussi le maximum d’information possible sous forme de texte. Parce qu’il n’y a rien de plus frustrant de parcourir des slides sur un sujet informatif et de ne rien y trouver d’intéressant. Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé.

Bref, dans le cas présent, je pense ne m’en être pas trop mal sorti.
J’ai d’ailleurs eu l’heureuse surprise d’être interpellé par l’un des interprètes LSF présent pendant ma présentation. Ce dernier m’a dit avoir beaucoup apprécié le sujet, notamment parce que très accessible. Sa remarque m’a fait énormément plaisir parce que ça veut dire (enfin je pense…) que j’ai réussi à transmettre des informations claires et compréhensibles.

L’entraînement

Une fois satisfait de mes idées sélectionnées et ma présentation formalisée, je suis passé à l’entraînement pratique et là, ce fut le drame. Alors que l’objectif était de tenir 45 minutes, mon premier galop d’essai s’est terminé au bout de… 1 heure et 6 minutes !
J’ai donc abandonné quelques idées, supprimé quelques slides (comme ceux des exemples de data centers verts dont je parlais plus tôt) et j’ai recommencé. Dès le second essai, ouf, je finis en 43 minutes 30.
Les idées claires et le chronomètre à peu près assuré, j’étais prêt pour passer sur le grill.

Au final, j’ai un peu dépassé les 45 minutes si bien qu’une seule question a pu être finalement posée (mais ça n’en était pas une en plus). Et pour le coup ça m’a un peu frustré parce que j’ai vu que pas mal de bras s’étaient levés pour avoir la chance de poser LA seule question autorisée.

L’après

Malgré la frustration de n’avoir pas pu laisser un peu de temps pour des questions, ça m’a fait plaisir de voir autant de réactions dans le public. Ça veut au moins dire que le sujet suscite l’intérêt.

Mon principal objectif était d’interpeller les gens sur les problèmes environnementaux provenant de notre utilisation d’Internet et des TIC et je l’ai a priori atteint.
Dès ma descente de l’estrade, quelques personnes sont venues me voir pour en discuter. J’ai pu aussi passer le temps de pause qui suivait en discutant avec certaines personnes qui étaient dans le public.
Comme je suis passé le vendredi après-midi, il ne restait qu’une pause pour pouvoir en discuter avec les gens donc ça n’a pas laissé trop d’occasions mais ça m’a quand même permis d’échanger avec quelques uns.

Parmi les retours, j’attendais aussi avec appréhension celui de Christophe Clouzeau, que je sais connaisseur (lien externe) et que j’avais repéré dans le public. Il a apprécié que je brosse un tableau complet de la situation et que je parle aussi bien de la consommation, que de la production et de la fin de vie. Même si lui n’a je pense rien appris, le fait qu’il ait apprécié ce que j’ai présenté signifie déjà beaucoup. Et j’ai donc été rassuré quant au contenu que j’avais choisi de présenter.

Épilogue

Voilà pour mon partage de l’expérience d’orateur. Personnellement, j’ai adoré faire ça et si j’ai l’occasion de le refaire, je le referai sans hésiter. Ça m’a demandé un travail monstrueux en amont parce que je ne maîtrisais pas le sujet, mais il n’y a rien de plus plaisant que de voir que les idées qu’on veut transmettre sont reçues par le public (enfin au moins une partie).
Et puis mine de rien, ça permet de rencontrer encore plus de monde. Une fois qu’on est identifié comme orateur, on est forcément plus facilement accosté par des gens qui veulent en savoir plus et ça nous permet de faire encore plus de belles rencontres.

Bref, si vous êtes hésitant à proposer un sujet, n’hésitez plus et foncez. Je ne suis pas le premier à le dire mais c’est vraiment une expérience très enrichissante ! En plus, le staff est aux petits soins avec nous donc ça fait une bonne raison de plus. 😛

Bonus

Pour ceux qui n’étaient pas présents ou qui n’ont pas pu suivre le live, vous trouverez les slides en ligne ainsi qu’une une version annotée (reprenant l’essentiel de mon discours). La présentation est aussi disponible sur Slideshare (lien externe) mais je recommande plutôt la version HTML.
Enfin, la vidéo (lien externe) est disponible sur le site Paris Web, mais il manque malheureusement le son jusqu’à environ 8 minutes 20. Je ne sais pas encore si le montage final aura bien le son, mais je ferai une petite mise à jour le moment venu.